Actrice de 23 ans, j’ai exploré sur scène les répertoires classique et contemporain tout en me perfectionnant au jeu cinématographique avec passion et exigence.
Sur les planches ou à l’image, m’accompagnent toutes sortes de personnages. Des êtres d’aujourd’hui ou venu d’un autre temps, petits et grands, avec ou sans argent. Une reine shakespearienne danse la valse du courage avec un petit page amoureux de sa belle comtesse. Au sous-sol, en classe défavorisée, le rock endiable Lisette et Monique, qui chantent à tue-tête leurs rêves et leurs idées. La folie douce et l’excentricité remontent dans les conduits du premier étage où le petit Antoine fait les 400 coups avec Vittoria, italienne envieuse et rusée. Mais, ces notes de comédie s’envolent tout à coup dans un courant d’air. Une porte vient de claquer.
La Fille et la Mère ne se supportent plus. Sans tabou et avec sincérité, il faut vider ses larmes et son sac de reproches avant de se quitter. Puis, revient le calme après la tempête. On entend alors, venue d’une petite chambre isolée, la voix de Lydia, jeune étudiante en manque de confiance. En thérapie, elle raconte son cancer, son petit frère handicapé et son copain qu’elle vient de quitter. A peine le temps de s’émouvoir, qu’on sonne à l’entrée. C’est Fleurette, en claquettes chaussettes, qui vient chercher sa coloc pour aller vendre des stups en barrettes. Son optimisme, son rire et son rap improvisé redynamisent toute la palette qui se remet à jouer et à danser.
Néanmoins, sur cette palette, deux archétypes patinent plus vite que les autres. Plus entrainés, plus résistants, les personnages autoritaires et puissants mènent la danse. Ils s’imposent en affirmant leur volonté avec courage et détermination. A leur côté, plus vifs, plus souples et rapides, filent des personnages originaux, en marge des normes, qui aiguisent leur humour et façonnent leur tempérament excentrique.
Ou l'art de la rigueur et de la persévérance
Cette discipline, noble et intense, stimule ma rage de réussir et mon sens de la stratégie. Frapper avec précision et avec 100% d'intention. Sortir des schémas prévisibles et varier ses angles d'attaque.
Après de nombreuses années de compétition (classée 15/0), le tennis m'a enseigné l'art du jeu. Accepter qu'on peut gagner ou perdre. Rien n'est sûr tant que le match n'est pas fini. Se battre jusqu'au bout, garder son sang froid et jouer chaque point après l'autre. L'instant présent.
Marathonienne (Paris 2023), la course à pied renforce mon endurance et challenge la résistance de mon mental sur de longues durées. Le but est dans chacun des pas.
L'art de la glisse. Une descente en snow me laisse dans un état méditatif. Le corps répète proprement les mêmes mouvements, flexions, extensions. L'esprit divague, abandonne sa confiance dans ce corps qui prend le contrôle, en souplesse et en sécurité.
Après l’orage, Le Monde et L’Humanité épongent les larmes du ciel. Le papier journal s’abreuve de l’humidité de mes chaussures, et fera couler son encre sur mes traces. Jupiter, honteux, calme ses foudres et vient border le sentier de Joubarbes rouges. Mes bâtons plantent le drapeau de la réconciliation et m’accompagnent sur les chemins de terre et de granit. Il faut reprendre la route.
Dame Montagne joue de ses ruisseaux pour laver mon âme et m’alléger l’esprit. L’ascension, longue méditation hypnotique, est rythmée par mon pas régulier. Peu à peu, le Soleil reprend ses droits, réchauffe gentianes et ancolies. Mais la température monte rapidement, la peau brûle et la sueur perle sur le front. Le col est proche, il se cache encore derrière quelques lacets boueux, avant de se donner, comme par miracle, dans un courant d’air froid.
Entre les mains de la Montagne, les bras tendus, elle me hisse au dessus du Monde. L’air céleste glisse sur mon visage. Surplombant la vallée, nous sommes là, Français, Suisses, Italiens, Coréens, Canadiens, Anglais, à contempler et immortaliser ces géants de glace. L’Humanité s’agenouille et se couvre face au Vent. L’humilité est notre seule protection face aux éléments.
Après avoir repris des forces, il est temps de redescendre, rejoindre une autre vallée. Les dénivelés s’envolent sur des airs de Jean Ferrat. La méditation laisse place à l’observation. Que la montagne est belle. Hérens et moutons gardent les alpages. A l’horizon, le Mont Blanc porte sa coiffe de nuages. Les yeux rougissent, les pieds s’alourdissent, la fatigue se fait sentir. Le refuge est attendu comme le Messie.
Les heures chaudes s’allongent à l’ombre des mélèzes. Le pieux soleil s’incline derrière les sommets alpins et salue les neiges éternelles. Cette nuit, la Lune veillera sur les cimes jusqu’à l’aube.
Célia Giuliano
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